Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Crasseries
3 mai 2011

Avec tout l'amour boueux d'un coeur marécage.


C’est comme. Deux mots si simples, un peu trop. J’les utilise pour simplifier, pour que les images s’introduisent dans ce que j’dis, ce que j’essaie de dire, de peindre, de faire ressentir. Mais toujours, toujours, c’est super mauvais. Pourquoi? Je ne sais pas, j’écris comme si j’déclamais, pauvre engeance de moi. Je sur-joue une Reine des Glace, une Duchesse des temps ancien, une Bovary malade des nerfs. Parce que, ouais, sans doute que j’suis un peu malade, un p’tit peu, comme ça, en vague à l’âme. C’est rien, mais ça ronge, ça fatigue, ça plombe. Ça donne pas envie de mourir, non, ça donne pas envie de se faire mal autrement que par des coups de dents sur les lèvres, instinctifs, depuis le temps, ah, depuis le temps.

C’est juste un état, un peu cataclysmique, entre les pleurs, les hoquets, la peur qui fait trembler, tout au fond des os. Et la vie qui s’écoule de moi, lentement, sans que je n’y comprenne rien – stérile, j’ai l’impression que j’vais l’être, je le suis sans doute, déjà, et puis tant pis, les enfants, j’n’y songe pas, j’en suis encore un petit, recroquevillé, à la merci tenace de l’ombre du grand. Des grands. Une voix s’étend, tisse un récit, s’emmaillote en moi. J’y suis, je plonge, imagine, trace. Je touche du doigt, et d’un éclat de rire parfois, étranger, tout s’effondre. Un mensonge, cette architecture? Et moi qui pensais que le verre était verre, n’était que verre teinté, d’où derrière on s’émerveillait de ma candeur – mais, inconsciemment, ne la feint-je pas, quelques fois;? ;Mes yeux ouverts le sont parfois, j’ai l’impression, bien plus que la normale, accrochent sur de minuscules détails estompés aux yeux des communs. Alors j’ouvre la bouche, commence un bout de phrase, incohérent, me tait, rougis, repart, en trombe, loupe des mots, trébuche. Ce n’était pas ça, au début. Ça devient une histoire, qui enfle, prends mon corps en otage, déroule la spirale des possibles, et se retire, lassée de moi, prendre vie dans un autre nuage. Des hauts, des bas, des hauts géniaux, vertigineux, j’ai peur de tomber.

Mes faux pas m’obsèdent comme les bassesses de moi, je les décortique, seconde par seconde, à m’en faire mal – une petite voix, des fois, me parle. Je me souviens, dans cette piscine, ce début d’été atone, cette petite voix. Des longueurs à n’en plus finir, des allers retours, comptés, recomptés, estompés. Soixante. Trente. Quatre vingt dix. Et mes membres endoloris secoués, séchés, une lecture reprise – Cyrano, où est tu ? Son regard terrible, avant, et puis, un jour – son rire, je ne l’avais plus entendu, il me semblait si lointain. Il ne m’aime plus, mais tant pis, j’en ai à aimer vraiment. Un faux pas, vendredi- de la peine il en est ressorti, et je m’en veux, terriblement, même que je voudrais effacer, l’heure et demie. A demi-mots, j’essaie de rattraper, mais, je, ne, peux, pas, ça serait niais. J’ai peur du niais. J’essaie avec du scotch, ça fait pas le même effet, évidemment.


Alors j’ingurgite, et j’enfle, comme les histoires dans la tête, la nourriture enfle mon ventre, je suis une outre, rêveuse, un cercle terrible, que je voudrais briser, et enfin atteindre la tendre et réconfortante sensation du rien-ne-me-fait-plus-envie. Chose que je peux atteindre, seulement en compagnie. Et les cordes pincée de l’enfant guitare m’emplissent d’une satisfaction toute petite, comme un loir, enfant lui aussi, car après tout, Socrate était roux. Je n’aime pas le prénom de ma mère, que pourtant je porte en bracelet. Je ne sais plus rien.
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité